Comme le roi Édouard le Confesseur, Harold Godwinson, earl de Wessex puis roi d'Angleterre durant l'année 1066 apparaît dès la première scène de la Tapisserie de Bayeux. Étant l'un des principaux protagonistes des scènes montrée sur la broderie, il ne quitte que brièvement la toile que pour revenir mourir sur le champ de bataille de Hastings... C'est ce qui explique pourquoi de nombreuses scènes reprises ici sont issues de la célèbre Tapisserie.

HISTOIRE DE HAROLD GODWINSON

1050

Godwin, comte de Wessex et sa femme Gytha Thorkelsdóttir ont eu pour enfants : Sven, comte d’Hereford († 1052), Harold, comte de Wessex et futur roi Harold II, Tostig, comte de Northumbrie, Édith qui a épousé en 1045 le roi Édouard le Confesseur, Gyrth, comte d’Est-Anglie, Léofwine, comte de Kent et Wulfnoth...

 Père : Godwin (1001-1053) comte de Wessex (1018) Le plus puissant seigneurs anglais.  Mère : Gytha Thorkelsdóttir , arrière-petite-fille de Harold aux-dents-bleues, roi du Danemark et de Norvège. 

1063

La famille de Godwin est exilée en 1051 mais rentre en Angleterre en 1052. Godwin meurt soudain en 1053. Son fils Harold lui succède et devient alors comte de Wessex. Il se couvre de gloire en combattant durant plusieurs campagnes militaires (1062-1063) le roi Gruffydd ap Llywelyn qui a conquis tout le pays de Galles.

 Gruffydd ap Llywelyn (1000-1063) règne sur plusieurs royaumes du Pays de Galles. Il est tué en 1063 par ses soldats. Vers 1064, sa veuve Edith, fille du comte de Mercie, Ælfgar, épouse son ennemi Harold. 

1064

Harold, est le plus puissant seigneur d’Angleterre. En 1064, son beau-frère le roi Édouard lui demande de se rendre à la cour de son cousin le duc de Normandie, Guillaume le Bâtard. Il doit lui porter un message important. Sans tarder, le comte de Wessex se dirige vers la côte pour embarquer sur un navire et traverser la Manche. 

Le roi Édouard est le petit-fils du duc de Normandie Richard I^er par sa mère Emma. Guillaume le Bâtard, 7^ème duc de Normandie  est l’arrière-petit fils de Richard I^er. Ils sont donc cousins.  

         Harold et ses compagnons de route rejoignent le petit port de Bosham situé sur la Manche qui appartient au comte de Wessex. Là, ils prient dans l’église du village puis gagnent le manoir proche où ils prennent un repas avant d’embarquer. Bientôt, un marin vient les avertir qu’il est temps de partir, la marée est favorable.

Bosham est un village du Sussex, situé près de Chichester. Le manoir du comte de Wessex n’existe plus. L’église possède un arc contemporain de Harold.

Harold, embarque sur un navire pour traverser la Manche. Il n’oublie pas d’emmener ses chiens et son faucon personnel car le comte de Wessex est un passionné de chasse. Les marins s’arqueboutent lourdement sur leurs gaffes pour éloigner le navire du rivage tandis que d’autres pèsent sur les rames. La traversée commence... 

Les motifs du voyage d’Harold sont flous : une mission reçue du roi Édouard ? Un projet d’union avec la famille du duc de Normandie ? Une partie de pêche en mer ayant mal tourné ? Mystère... 

         Le navire rencontre des vents contraires qui le déportent plus au nord que sa destination initiale. Le bateau d’Harold s’approche alors d’une côte inconnu. Mais, à peine le comte de Wessex a-t-il posé le pied sur le sable, que des cavaliers menés par Guy, comte de Ponthieu, s’approchent et s’emparent de lui. Harold est prisonnier.

Guy Ier († 1100) comte de Ponthieu de 1053 à 1100. Il succède à son frère  Enguerrand III, tué en 1053 en luttant contre le duc Guillaume de Normandie et doit s’en reconnaître vassal en 1059.

Harold est emmené sous escorte au château de Beaurain, possession du comte de Ponthieu située dans la vallée de la Canche. Il n’est pas entravé ni maltraité et a pu emmener son faucon et ses chiens de chasse. Le comte de Wessex représente une prise de choix pour Guy de Ponthieu qui va tenter d’en tirer un parti financier. 

Le château de Beaurain, de nos jours, Beaurainville (Pas de Calais) se situait dans la vallée de la Canche. C’était un lieu situé assez loin de la frontière normande à l’abri d’un coup de main possible. 

Harold est reçu par le comte de Ponthieu dans la grande salle du château. Guy brandit son épée, insigne de son pouvoir. L’entretien porte sur la rançon du comte anglais. Un homme écoute la conversation. Il va informer le duc de Normandie qui l’a placé là pour surveiller de près son vassal. Des négociations vont s’engager...

Fait prisonnier à la bataille de Mortemer en 1054 et retenu prisonnier à Bayeux pendant deux ans, Guy Ier, comte de Ponthieu, a dû se déclarer vassal de son puissant voisin, le duc de Normandie.

Suite aux négociations, le comte Harold est remis aux mains du duc Guillaume le Bâtard. Le groupe de cavaliers quitte Eu et se dirige vers Rouen où le comte de Wessex pourra s’expliquer sur les raisons de son déplacement outre-Manche. Faucon et chiens de chasse font bien sûr partie du voyage. 

Plusieurs allers et retours ont lieu entre le Ponthieu et la Normandie. Sans doute, le duc Guillaume dut-il menacer d’intervenir militairement si Guy de Ponthieu ne libérait pas le messager royal. 

         Le duc de Normandie accueille l’envoyé d’Édouard dans son palais de Rouen. Ce dernier lui raconte ses mésaventures pour parvenir à lui transmettre le message de son roi et lui annonce alors le désir d’Édouard que Guillaume lui succède sur le trône d’Angleterre. Le duc se réjouit de cette bonne nouvelle transmise par Harold.

La tour de Rouen, sise en bord de Seine, construite par le duc Richard II, grand-père de Guillaume, est à la fois la résidence du duc normand, un centre militaire et administratif et une prison d’état.  

         Guillaume le Bâtard emmène Harold dans une expédition militaire en Bretagne. Il compte ainsi lui montrer sa force. En traversant la baie du Mont-Saint-Michel, le comte de Wessex sauve deux hommes des sables mouvants. Il se montre également si vaillant au cours de cette campagne que le duc reconnaissant lui remet ses armes. 

La remise des armes (casque et épée) est encore simple au 11^ème siècle ; cependant,elle préfigure  la cérémonie de l’adoubement chevaleresque qui prévaudra plus tard dans la noblesse. 

De retour à Bayeux, Guillaume demande à Harold de lui prêter serment de fidélité. Ainsi, si celui-ci rompt son serment, il sera parjure et le duc de Normandie sera en droit de le châtier. Le comte de Wessex se sent obligé de jurer sur les reliquaires que possède la cathédrale de Bayeux : ceux des saints anglais Raven et Rasiphe. 

Prêter serment sur des reliques est, au Moyen Âge, un acte solennel qui engage celui qui le fait. Il est mis au ban de la société s’il rompt sa promesse et devient dans ce cas un parjure honni de tous.